15 novembre 2006


Actions concrètes décidées par "Résistons Ensemble"

le 11 novembre 2006


Compte-rendu de l’Assemblée Générale du 11 novembre 2006 du réseau
RÉSISTONS ENSEMBLE contre les violences policières et sécuritaires.

Cette rencontre s’est tenue à PARIS au CICP. Nous étions heureux de
constater la venue de nouvelles personnes, même si nous comptions sur
des gens absents qui sont peut-être allés à la manifestation parisienne
qui avait lieu au même moment contre les massacres de Gaza en Palestine.
La verve d’Alexis Violet, décédé le 6 mai de cette année, nous a manqué,
lui qui toujours était avec nous lors de chaque AG.

Répression des quartiers

De plus en plus de descentes de CRS sont constatées actuellement dans
les cités de banlieue, où ils bouclent complètement tout un quartier
sans aucune raison, en déboulant en bataillons de 50/60 CRS, en tirant
au flashball. Des descentes dans certains quartiers, ce n’est pas
d’aujourd’hui, mais maintenant c’est à une cadence que l’on n’avait
jamais vu, et même dans des endroits de banlieue qui sont tout à fait
tranquilles. On appelle ça "opérations de sécurisation" alors que ce
sont de véritables provocations. Certains quartiers ne sont pas une
seule minute sans être sous contrôle policier.

Ces opérations et les problèmes de violences policières ne sont presque
jamais retransmis par les médias et de ce fait, à cause des médias qui
déforment les situations, la population arrive à gober sans broncher
l’énorme répression actuelle.

Les provocations policières, c’est un thème qui arrive en dernier lieu,
de façon secondaire, dans les préoccupations des principales
organisations, partis politiques... Or, c’était bien le noeud principal
des révoltes de novembre 2005, et il devrait arriver en premier.

-  Il faut axer nos efforts au maximum pour que, dans le concret, le
problème des violences policières et de la répression devienne la
préoccupation prioritaire
.

Répression des prostituées

Le harcèlement policier est incessant vis à vis des prostituées.
Certaines ont souvent 2 PV par jour. Elles passent par des scènes de
tortures horribles. L’une d’elles a même eu deux dents arrachées par des
policiers... Pour eux, la vie d’une prostituée ne vaut rien. Des
policiers leur font du racket et prennent leur recette du jour. Une
prostituée a eu jusqu’à 75 amendes de stationnement dans le même mois.
Elles sont dans une situation dramatique !

Alors, elles vont jusqu’à préférer se faire maquer par un proxénète,
plutôt qu’être sans cesse entre les mains des policiers. Et en fait
c’est l’inverse total de l’intention de la loi Sarkozy, qui empêche
toute solidarité, qui crée la division entre les étrangères et les
autres, en effet les filières de maquereaux - tout comme les filières de
passeurs - sont de plus en plus nombreuses. Les visas ayant
augmenté considérablement dans certains états, les passeurs exigeant des
sommes exagérément fortes, seule la prostitution permet de les régler,
même si elle n’était pas envisagée au départ.

Le Parti Socialiste a proposé, sans en étudier les conséquences
néfastes, une loi sur la pénalisation des clients des prostituées. Cela
serait un énorme danger, un pas de plus vers la prohibition, cela
interdirait de faire la prévention nécessaire. Nous devons absolument
nous y opposer et exiger de nouveau l’abrogation de la "loi sécurité
intérieure", qui réprime la prostitution passive et les pauvres en
général.

- Établir une fiche aide-mémoire pour les prostituées elles-mêmes, en
cas de contrôle policier ou d’arrestation, les droits étant souvent
outrepassés. Se rapprocher des victimes avec leurs associations. Passer
des témoignages (rendus anonymes) sur résistons ensemble. Un petit
groupe de travail a été constitué.

Comparutions immédiates

Les audiences de comparutions immédiates, c’est de l’abattage, où seuls
les dires et les écrits des policiers sont pris en compte, sans prendre
le temps d’étudier les dossiers, sans avoir droit à une véritable
défense, effectuées en catimini, souvent sans public, et qui condamne la
plupart du temps à de la prison ferme de façon exagérée.

Nous sommes très peu nombreux à assister dans les tribunaux aux
lynchages des jeunes des cités. Or, on s’aperçoit que lorsqu’il y a une
présence dans la salle, les choses peuvent être différentes. Tout au
moins, faire des compte-rendus d’audiences permet de faire connaître
mieux combien cette "justice" est dévoyée.

C’est pourquoi il est important d’aller plus régulièrement aux audiences
de comparutions immédiates. On peut s’organiser pour effectuer des
roulements. Assister aux procès c’est aussi le moyen de rencontrer des
jeunes et des personnes de leur entourage, qui elles aussi peuvent être
inculpées d’outrages et rébellion, passer en procès à un autre moment,
et du coup, on peut aller les soutenir et qu’elles ne se sentent pas
seules.

- Nous appelons à participer le plus possible aux audiences de
comparutions immédiates du tribunal de chaque ville et d’en faire des
compte-rendus.

Composition pénale

La composition pénale, ou la médiation pénale, avec souvent un passage
en maison de justice, issues du "plaider coupable" étatsunien, est assez
méconnu, pourtant chaque personne peut éventuellement y avoir à faire.
C’est fondé sur le chantage de la reconnaissance de culpabilité (même si
on est innocent) pour éviter de passer au tribunal.

- Nous appelons à ce qu’il y ait des témoignages sur RÉSISTONS ENSEMBLE, pour pouvoir établir une fiche pour faire connaître mieux la
composition pénale, la médiation pénale.

Fichier STIC

Il suffit d’avoir été témoin et même victime d’une affaire pour figurer
sur le fichier STIC, ce qui peut bloquer pour obtenir plein d’emplois,
ce qui peut avoir des conséquences néfastes sur n’importe qui. C’est
devenu abusivement un casier judiciaire bis. Or, lorsqu’on demande à la
CNIL d’être effacé de ce fichier, il y a souvent un refus.

- Récupérer des témoignages de personnes fichées. Lancer une action
collective contre les différents fichiers et notamment le fichier Stic.
Aller éventuellement devant le tribunal administratif.

Connivences justice / police

Un travail important de dénonciation des connivences entre la justice et
la police serait à faire. On a cité l’exemple de la 4ème chambre de la
cour d’appel de Lyon qui ne reconnaît que la version policière en
condamnant exagérément. Une rencontre-témoignages-débat aura d’ailleurs
lieu à Lyon le samedi 16 décembre sur le thème connivences
justice/police.

- Des réflexions, des témoignages sont bienvenus sur la liste
discussion de RÉSISTONS ENSEMBLE.

Les jeunes ne veulent plus se faire duper

On a cité l’exemple des jeunes des banlieues venus au début en très
grand nombre pour participer aux manifestations parisiennes anti-CPE de
mars 2006, qui, lorsqu’ils se faisaient rafler, n’ont eu aucun soutien
des autres manifestants, ni même de militants... On peut comprendre que
ce sera très dur pour que désormais ces jeunes participent à de
nouvelles luttes.

On a aussi cité l’exemple des Mureaux le 14 octobre où les jeunes ont, à
juste titre, ostensiblement boycotté la manifestation des officiels qui
disait que la résistance des jeunes est aussi condamnable que les
provocations policières.

Un débat a eu lieu sur le fait que s’afficher avec des politiciens, dont
les promesses sont rarement tenues et dont on s’aperçoit que discours et
action sont souvent contradictoires, ne pouvait qu’empêcher de nous
rendre crédibles vis à vis de la population et notamment des jeunes, qui
ont été trop souvent dupés pendant des années, et encore aujourd’hui.
Bizarrement, les politiciens s’aperçoivent qu’ils existent juste
aujourd’hui parce que c’est l’anniversaire de novembre 2005, et parce
qu’il y a des élections...

- On rappelle que RÉSISTONS ENSEMBLE est un réseau et que personne ne
peut avoir de mandat pour le représenter dans une réunion, colloque...
Les individus ne représentent qu’eux-mêmes, ou l’association, le groupe
local dont ils font partie, mais en aucun cas RÉSISTONS ENSEMBLE.

Bilan et fonctionnement de RÉSISTONS ENSEMBLE

Le réseau est fort utile pour faire passer l’info sur les violences
policières et pour les conseils juridiques. C’est important aussi de
pouvoir échanger des réflexions dans ce domaine. C’est un outil
indispensable sans quoi la lutte collective ne pourrait fonctionner.

Plus de 500 personnes sont inscrites sur la liste "INFO" et peuvent
publier des messages, qui sont validés par l’équipe de modération. Il
pourrait y avoir plus de participation et d’envois d’infos. On pourrait
annoncer des débats sur cette liste, qui se feraient par contre sur la
liste "DISCUSSION" qui, elle, est réservée pour cela et n’est pas
modérée.

Le site RESISTONS est désormais très connu et est
référencé par de très nombreux sites. Le contact du site permet d’avoir
connaissance d’autres affaires de violences policières et ainsi de les
répercuter pour un soutien auprès de groupes locaux. Ce site est très
visité. Comme exemple, d’après les statistiques du site, la fiche
"outrages et rébellion" a été imprimée à plus de 6000 exemplaires.

C’est une prouesse d’avoir chaque mois réalisé déjà 47 numéros du
bulletin recto/verso et par là 47 éditoriaux ! La formule est simple et
facilement photocopiable. On ne peut pas savoir combien de milliers de
personnes l’ont lu. Un débat s’est engagé pour savoir si le bulletin
était suffisamment adapté aux jeunes des quartiers. On peut lui donner
un ton plus approprié, mais ce qui est important c’est d’aller voir les
jeunes, de leur parler, d’avoir un contact direct en leur disant qu’ils
ne sont pas seuls et de les soutenir effectivement, notamment dans les
tribunaux.

- Nous décidons donc de continuer RÉSISTONS ENSEMBLE. Une équipe de 9
personnes acceptent de s’occuper de la modération. Mais nous comptons
sur la participation réelle de tous et toutes.