4 décembre 2007


Chronique d’une rencontre annoncée

Fadela Amara à la Villeneuve (Grenoble)


Témoignage reçu suite à la venue de Fadela Amara sur le quartier de la Villeneuve à Grenoble le 19 novembre 2007.



Bonjour,

Etant donné qu’aucun média n’a répercuté ce qui s’est réellement passé à
Grenoble le 19 novembre lors de la venue de Fadela Amara, je prends la plume
en espérant que ce témoignage circulera.
J’étais présent sur le quartier de la Villeneuve lorsque des jeunes déjà
excédés par la présence policière et les contrôles se sont mis à interpeller
puis à insulter la délégation venue sur le quartier , il est vrai, comme on
vient au zoo.
Les policiers, présents en nombre, sont restés dehors pendant que la
délégation ( Amara, le maire Destot, la vice présidente à la plolitique de
la ville du conseil régional et d’autres. fonctionnaires..) discutait avec
des personnes triées sur le volet.
La même chose s’était passée sur le quartier de Teisserre où la directrice
du centre social distribuait la parole, ou plutôt censurait la parole de
ceux qui semblaient avoir un discours un peu critique sur la politique menée
par le maire dans les quartiers. Et dire que cette directrice organise et
s’en vante des forums sociaux !

A la Villeneuve donc, la délégation est sortie pour aller dans une salle
prévue à cet effet où des habitants à nouveau triés sur le volet
attendaient. Entretemps les jeunes toujours très remontés continuaient à
crier, et c’est là que la bac leur a foncé dessus en vociférant qu’il
fallait leur donner une leçon. Les policiers armés de flash balls ont
interpellé deux jeunes et les ont menottés. L’un d’eux qui avait très mal
criait. Certains habitants sont sortis. Plusieurs ont montré leur
désapprobation sur la manière d’engager le dialogue. Il parait que c’était
une "rencontre territoriale".
Après l’arrestation des deux jeunes, leurs amis sont entrés dans la salle où
avait lieu le "débat" pour exprimer leur révolte sur les méthodes
policières. Ils étaient en colère, ce qui est parfaitement compréhensible
quand face à la violence du chômage, de la précarité, de la délinquance (il
y avait eu une fusillade quelques jours auparavant entre gangs) et du
racisme on vous envoie la police !
Dans la salle les journalistes -toujours avides de sensations- ont été
interpellés par un des jeunes qui leur a demandé de ne pas les filmer. Un
autre essayait de le faire en cachette !!! Lorsque les jeunes ont pris la
parole devant F. Amara pour dire qu’ils voulaient qu’on relâche leurs
copains et qu’ils en avaient marre des violences policières, le maire
Destot leur a demandé de se taire en disant que d’autres avaient aussi des
choses à dire. Quant à la vice présidente du conseil régional (comme les
autres officiels) , elle n’a rien dit. pour les défendre. Quelques adultes
désemparés ont quitté la salle. D’autres ont demandé qu’on laisse les jeunes
s’exprimer.
Le maire de la ville a même eu le culot de dire que lui aussi était en
souffrance quand il voit une fusillade sur le quartier !! Un jeune lui a
demandé de quelle souffrance il parlait ( "vous qui touchez 20 000 euros par
mois"...) Je pense que ce dernier a dû un peu s’emmêler les pinceaux sur les
chiffres mais quand on bosse pas, les autres gagnent toujours trop d’argent
surtout quand il s’agit de gens de "gauche" qui -comme l’a dit le jeune- ne
viiennent dans les quartiers que quand c’est les élections.
Aujourd’hui je ne sais pas ce que sont devenus les jeunes. Je suis
profondément révoltée par l’attitude de ces élus de gauche (PS et Verts) qui
sont capables de cautionner les violences policières pourvu qu’ils arrivent
à sauvegarder leur place. Des jeunes en colère ce sont des boucs émissaires
tout trouvés pour justifier de leur échec. Mais après tout le maire de Lyon
n’a —il pas été mis en défaut lorsqu’il a critiqué Sarkozy sur sa police ?
et que ce dernier a dénoncé publiquement le double langage du maire en
question qui avait demandé à Sorkozy (alors ministre de l’intérieur- )
"plus de flics dans sa ville !!!

Je suis encore une fois profondément révolté par l’attitude hypocrite,
irresponsable et instrumentalisante de certains élus de gauche qui
cautionnent les violences policières
Tout ce que je dis est vérifiable, j’espère que vous ferez connaître cette
réalité

Amicalement, résistons