3 mai 2006


4 mai, 13h30, TGI de Paris, procès de l’hébergeur d’Indymedia Paris


Dans un monde où la sécurité est devenue l’une des valeurs fondamentales
de la démocratie et où la judiciairisation des rapports sociaux
s’accentue chaque jour davantage, Internet ne pouvait certainement pas
rester un espace libre plus longtemps. Comme la LSQ, la LSI ou les lois
Perben qui font partie d’un arsenal juridique dont la véritable fonction
est de mieux contrôler et assujettir les individus sous couvert du droit
à la sécurité, la LCEN, « loi de confiance en l’économie numérique »,
votée en 2004 est arrivée à point nommé pour mettre un peu d’ordre sur
la toile. La LCEN, a entre autres imposé qu’à chaque site internet
corresponde un nom, qui aux yeux de la loi, fait figure de responsable
puisque, de toute façon, pour nos législateurs, il faut toujours qu’il y
ait un responsable...

Concernant Indymedia Paris, la personne considérée comme responsable est
en fait la personne qui s’est désignée comme hébergeur afin que le site
puisse continuer d’exister. Cette personne, à savoir Gilles B.,
comparaîtra à la 17ème chambre du TGI de Paris le jeudi 4 mai à 13h30.

Il sera jugé pour deux dossiers.

Le premier concerne la parution en juillet 2004, quelques jours après la
promulgation de la LCEN, de trois articles antisémites dans le cadre
d’une des nombreuses attaques par spam dont Indymedia est régulièrement
victime. Ces articles n’auront été visibles que le temps qu’un animateur
les lise et les écarte conformément aux principes anti-racistes et
anti-fascistes d’Indymedia (cf. les Principes d’Unité) et c’est fort de
ces deux principes que monsieur Gilles B., hébergeur désigné responsable
du site, se présentera pour répondre aux accusations d’antisémitisme
dont il fait l’objet.

La deuxième affaire concerne un message paru en octobre 2004 intitulé
« souvenir Rey Maupin » et Gilles B. sera cette fois accusé d’avoir par
l’intermédiaire de la publication de ce message « directement provoqué,
cette provocation n’ayant pas été suivie d’effet, à la commission de
meurtre de fonctionnaire de police » . Comme attendu, ce texte a suscité
des débats critiques et intéressants.

À travers les poursuites contre l’hébergeur d’Indymedia Paris, on ne
peut s’empêcher de constater la volonté de porter atteinte à un site
dont la seule raison d’être est de permettre à tout à chacun, et plus
particulièrement à tous ceux qui luttent contre l’ordre capitaliste, de
véhiculer leurs propres informations et analyses si tant est que ces
informations et analyses ne contiennent notamment aucun caractère
raciste, antisémite, fasciste ou sexiste.

En s’attaquant à celui que la LCEN impose de désigner comme hébergeur,
on s’attaque à tous les contributeurs, lecteurs et utilisateurs
d’Indymedia, et plus largement à tous ceux qui s’opposent à une logique
politique qui permet, que sous prétexte de sécurité on restreigne
toujours plus nos libertés.

Soyons nombreux pour soutenir Gilles B. et à travers lui Indymedia
le 4 mai à 13h à la 17ème chambre du TGI de Paris.