Bulletin Résistons Ensemble - octobre 2002

Où est la violence ?


octobre 2002


Où est la violence ?

RESISTONS ENSEMBLE / bulletin numéro 2 / octobre 2002


- Où est la violence ?
- Avertissements

- [chroniques de l’arbitraire]
à Nantes
La BAC tue la liberté d’expression, la justice couvre toujours
à St Etienne
à Villiers sur Marne



Où est la violence ?

Voilà un an que la LSQ (Loi de Sécurité Quotidienne] a été adoptée par l’Assemblée nationale. Déposée par le gouvernement de la gauche plurielle, sous couvert de lutte contre Le terrorisme, elle est la première étape de la guerre contre les exclus et les opposants au système. Au-delà d’une atteinte aux libertés, l’adoption de cette loi fait partie de l’arsenal sécuritaire mis en place par les gouvernements successifs. La marche vers un État policier s’accélère depuis quelques mois. En août, la Loi Perben a initié le tout répressif pour les mineurs avec l’assentiment des précédents gouvernants. En octobre, une Loi dite de Sécurité Intérieure (LSI] va être discutée par Les députés.
Entre autres mesures, ce texte prévoit :
> des amendes, peines de prison, expulsions (pour tes étrangers), pour les mendiants, prostituées, gens du voyage, squatteurs, artistes de rue... qui accentuent la criminalisation de la misère et des déviants à l’ordre social ;
> l’instauration d’un délit de rassemblement dans tes halls d’immeuble ;
> l’incitation au témoignage anonyme et à la délation.
Cette offensive sécuritaire, qui prend la forme d’une militarisation des quartiers, d’un harcèlement permanent des jeunes, des pauvres, et des déviants, fait de chacun de nous un ennemi. Elle n’est qu’un rideau de fumée qui masque la vraie violence, celle de l’exploitation, de la précarité et de la dégradation de nos conditions de vie. La manifestation du 26 octobre ne doit être qu’une étape. C’est à nous tous, individus et associations, de préparer une GRANDE MANIFESTATION NATIONALE ANTI-SECURITARE ! Passons à la contre-offensive !



Avertissements

Si tu fais la manche : 6 mois de prison et 7500 euros d’amende. Si tu exerces ton art dans la rue : même tarif...
Si tu es artiste : d’abord, tu coûtes trop cher, change de métier. Si tu discutes en bas de ton immeuble avec plus de 2 copains : 6 mois de prison et 7500 euros d’amende.
Si tu attends le bus en minijupe : 6 mois de prison et 7500 euros d’amende pour prostitution passive.
Si tu squattes un appart : 6 mois de prison et 3000 euros.
Si tu fraudes à répétition dans les transports en commun : 6 mois de prison et 7500 euros d’amende.
Si tu organises sans autorisation préfectorale un rassemblement festif à caractère musical avec 250 invités : confiscation de ta sono, suspension de ton permis et travail d’intérêt général.
Si tu t’arrêtes avec ta famille sur un terrain qui ne t’appartient pas : tu perds ton véhicule et ton permis de conduire.
Si tu refuses un boulot de merde payé des miettes : oublie tes Assedic.
Si tu fumes des joints ou cultives des plants de cannabis : ça va jusqu’à 10 ans de prison et 7500000 euros d’amende.
Si tu es condamné et que tu es étranger, ce sera doublepeine : paye ta dette à la société [prison) et expulsion [centre de rétention, déportation en charter) ; t’as lamais quitté l’Etat français ou ça craint dans ton pays d’origine ? On s’en fout ?
Si tu milites, si tu revendiques et si tu te montres solidaire : flashball, matraques, gaz Lacrymogènes, amendes et prison.
Si tu trouves ça triste : souris quand même, tu es filmé !

T’AS BIEN COMPRIS ?

Ne t’exprime pas, ne revendique pas, ne te rassemble pas, ne te déplace pas 1 Et rappelle-toi que la police, l’armée et l’administration pénitencière embauchent.
Donc, si tu veux vivre tranquille dans l’Etat français et servir le système : travaille-achète-consomme, perds ta vie à la gagner, perfectionne ta compétitivité et écrase les autres, enrichis les requins et pourris l’environnement, regarde la TV et les publicités, honore l’argent roi et ta voiture, surveille ton voisin, méfie-toi des étrangers, traite les femmes comme des objets, shoote-toi aux tranquillisants, prie ton dieu, chante ton hymne national et salue ton drapeau.
BREF. SOIS UN BON CITOYEN, DOCILE ET SOUMIS

Et si tu fais du business (mafia), tu joues quand même le jeu du système : argent, violence, machisme, domination et exploitation.

ALORS... MANIFESTE-TOI ! POUR LES LIBERTES ! HALTE A LA CRIMINALISATION DE LA PAUVRETE ! MANIFESTATION FESTIVE CONTRE LES LOIS SECURITAIRES, LA REPRESSION ET LE CONTROLE SOCIAL : le samedi 26 Octobre 2002 14h Place Guichard à Lyon 15h Le Vieux Port à Marseille 14h Place de la République à Paris



> chroniques de l’arbitraire

à Nantes
Selon des habitants du quartier du Breil Malville, 2 voitures de la BAC, dans la soirée du 1er octobre, demandaient à des occupants d’une voiture stationnée dans le quartier de "ranger leur merde". Les flics ont alors frappé les personnes se trouvant dans le véhicule, l’un deux se défendant en mordant la main d’un policier... Un autre policier a fait usage d’un Flash-Bali, tirant, selon les habitants, à un mètre d’un jeune homme de 17 ans qui a été blessé au bas du dos. Une réunion de quartier s’est tenue le vendredi 5 octobre à laquelle ont assisté une soixantaine de personnes.
Contact : AC ! Nantes ac.nantes@free.fr

La BAC tue la liberté d’expression, la justice couvre toujours
(communiqué de Résistons ensemble-extraits]
Abdelkader Berrichi, président de l’Association Bouge qui bouge de Dammarie-les-Lys, vient d’être condamné à 700 euros d’amende pour outrage à agents de police dans l’exercice de leurs fonctions. Le motif de cette condamnation était la présence, à L’arrière d’une voiture qu’il conduisait dans Paris, d’une affichette intitulée "La BAC tue encore, la justice couvre toujours". Elle se référait pourtant à ta mort de Mohamed, le frère d’Abdelkader, survenue lorsqu’il circulait en scooter et était poursuivi par une voiture de la BAC de Cammarie. Si la justice voulait refuser la liberté d’expression aux jeunes des cités, si souvent stigmatisés, et les repousser vers la violence, elle n’agirait pas autrement. Le collectif Résistons Ensemble affirme sa solidarité avec Abdelkader et appelle à le soutenir dans la suite qu’il entend donner à cette affaire.

à St Etienne
Le mercredi 28 août, à la fin d’un concert rock qui avait lieu dans un bar, alors que le public discutait calmement, une vingtaine de CRS ont fait évacuer [sans sommation et avec brutalité) le quartier de la place Jules-Guesde, Armés de leur attirail répressif (flash-bal], gaz lacrymogène, matraques], ils ont procédé à 5 arrestations d’une façon tout à fait arbitraire. Jugés en comparution immédiate, sans réelle instruction, ils/elles ont été condamné-e-s à de très lourdes peines : 4 mois de prison ferme pour Nabyl, 2 mois ferme + 2 mois de sursis pour Laurent et Marie, 2 mois avec sursis + 600 euros d’amende pour Nicolas et 600 euros d’amende pour Frédéric.
Vous pouvez être solidaires en envoyant un chèque à l’ordre de Jungle Exotica à "Halte à la répression", salle 15b, bourse du travail, 42028 St.-ÉTIENNE cedex 1.

à Villiers sur Marne
à la cité des Hautes-Noues Le 1er octobre 2002, les forces de "l’ordre" ont agressé physiquement et oralement des dizaines d’enfants, de jeunes et d’adultes et ont procédé à des arrestations arbitraires, "au hasard", sous prétexte d’un caillassage. La police s’est transformée en simple bande de jeunes venue venger l’un de ses membres. Tabassages collectifs, insultes, usage illégitime de la force, privation de liberté, etc. Deux personnes seront "jugées" le vendredi 25 octobre à 13h30, au tribunal de Créteil -12ème chambre. Contact : Association C’noues mél : cnoues@camarail.com