16 janvier 2005


Toulouse/raidissement

mardi 15 février 2005 à 14h devant l’une des chambres du tribunal correctionnel de Toulouse


lu sur http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=31033

Communiqué de presse (de préférence à transmettre en intégralité) à
l’intention de la presse sous toutes ses formes, voire à quelques vilains
petits canards.

J’ai été arrêté le jeudi 16 décembre 2004 vers 12h30 à Toulouse par des
"policiers" municipaux, parce que je roulais à bicyclette sur la partie
droite de la chaussée et en dehors de la "piste cyclable" sur le pont des
Catalans. Il existe à Toulouse comme dans d’autres communes de France un
arrêté municipal dérogatoire au code de la "déroute" qui autorise les
cyclistes à rouler en dehors des "aménagements" prévus quant ils existent
car, bien évidemment, ils sont en nombre insuffisants, discontinus,
inadaptés, dangereux, inutiles, stupides trop souvent. Ces trois miliciens
locaux se sont donc portés à ma hauteur avec leur "véhicule" puant en
m’intimant l’ordre de me déplacer immédiatement sur le bout de trottoir
destiné aux vélos, ce que j’ai refusé en les invitant à mieux lire les
arrêtés municipaux. Queue de poisson, ils descendent, m’entourent,
m’attrapent les bras et "MiniRedBull" -chaque bicyclette est unique et
mérite de porter un nom-, me déséquilibrent, me jettent à terre, m’écrasent
et me menottent avant de m’embarquer dans l’estafette jusqu’au commissariat
central. Je passe deux heures en garde-à-vue avant d’être relâché avec un
P.V. illégal en poche (cas n°2 bis "circulation d’un véhicule en dehors de
la voie qui lui est affectée").

Le samedi 8 janvier 2005, vers 17h30, j’ai encore été arrêté sur le pont St
Pierre, sous le prétexte fallacieux d’avoir entravé le droit de circuler des
automodébiles lors d’une manifest’action déclarée et autorisée
officiellement. Au départ, nous étions convenus de bloquer complètement le
pont ; un accident mortel avait eu lieu deux mois auparavant, à cause d’un
conducteur ivre et entraînant deux victimes cyclistes, deux de plus d’une
liste qui n’en finit plus de s’allonger.

Sous l’insistance des pandores qui nous suivaient, nous avons finalement
décidé en cours de chemin d’organiser une simple chicane obligeant les
automodébiles à passer de façon alternante. A la tombée du soleil, comme il
avait été annoncé, nous avons levé le siège du pont que nous réclamions
totalement piéton, l’action avait duré moins de 15 mns. Début novembre déjà,
quelques jours après l’accident, nous avions fait une telle opération qui
était à peine passée inaperçue ("Intramuros" de la semaine suivante) ;
enfin, avec l’association "VéloToulouse", j’avais aidé au blocage complet du
pont pendant près d’une heure trente, un moment symbolique de recueillement
donc, en présence et avec l’accord de la famille victime de cette barbarie.
L’action n’était donc pas plus unique ni plus marquante qu’auparavant, en
plus elle avait été autorisée au contraire des deux précédentes. Mais j’ai
passé 17 heures en garde-à-vue (j’ai râté la super fête à Mix-Art Myrys)et
obtenu une convocation devant le tribunal pour un délit imaginaire.

Nul doute qu’avec la célérité et la sévérité habituelles de la "justice" à
mon égard je puisse obtenir gain de cause devant un tribunal, bien au
contraire. Ayant déjà tenté de déposer plainte auparavant, le tribunal avait
rejeté mon aide judiciaire (fait quasiment unique) pour m’imposer un racket
de 1200 euros pour avoir le droit d’être "partie civile". La "justice"
semble ne fonctionner qu’à sens unique dans ce pays, au mépris des lois et
des libertés individuelles. Mais il y a aussi une leçon à tirer du
harcèlement judiciaire et policier à mon égard comme envers tou-te-s les
cyclistes et les modes de déplacements "doux" : à une juste, pacifique et
légitime revendication, l’état et ses "serviteurs" ne peuvent user que de
violences de tous "ordres", plutôt que d’essayer de corriger les défauts
d’une société absurde, injuste et meurtrière. Nous ne pouvons que continuer
sur ce chemin de la non-violence et de la détermination, même illégale,
c’est notre force et ce sont eux les terroristes. Je ne veux pas être un
martyr mais, étant particulièrement engagé depuis de nombreuses années dans
les luttes cyclistes, je ne peux échapper aux foudres de l’état fasciste
automodébile, alors je continue en étant plus que jamais prudent et
déterminé, comme d’autres avant, aujourd’hui et probablement demain encore.

Je suis convoqué le mardi 15 février 2005 à 14h devant l’une des chambres du
tribunal correctionnel de Toulouse, j’aimerais que d’autres viennent et se
dénonçent à l’audience, pour avoir grillé des feux à bicyclette, pris à
contre sens des sens d’interdire tout et n’importe quoi, écraser des
piéton-ne-s et, pourquoi pas, des bagnoles ! Quelques piéton-ne-s
reconnaissant leurs "infractions" seraient aussi du plus bel effet face aux
corbeaux judiciaires du palais de l’injustice. Je me sentirai un peu moins
seul, simplement, proprement, silencieusement, pacifiquement, rapidement,
gratuitement, en un mot comme en mille : intelligemment ?

Olivier Theron, commandant en exil d’une autre Vélorution Toulousaine.