5 mai 2005


La manifestive contre les frontières

À Lyon


Une énorme fiesta a parcouru les rues de Lyon ce samedi 30 avril 2005,
aux rythmes de musiques électroniques (le capital). Des centaines de
participant-es ont ainsi manifestoyé pendant plus de 5 heures pour dire
NON aux frontières.

Sous le soleil éclatant de ce samedi 30 avril, des centaines de
personnes se sont retrouvées à 13h30 sur la place Guichard dans le 3°
arrondissement de Lyon. Beaucoup sont venus déguisé-es. Huit camions
équipés de sonorisation et richement décorés ont alors emmené le cortège
festif et coloré par rues et ponts de la ville. Au fur et à mesure du
parcours, des passant-es enthousiastes ont rejoint la danse.

De multiples actions ont été entreprises par les un-es et les autres sur
des publicités et sur des enseignes vendues au capital ou à la
répression nationale... le tout au nez et à la barbe des policier-es
venu-es surveiller le bon déroulement.

S’en sont il-les vexé-es ? Toujours est-il que peu après, au passage de
la place des Terreaux, un accrochage par la police a eu lieu en fin de
cortège. Devant le honteux spectacle de l’arrestation d’une jeune fille
à coups de matraque [1] par des policiers, la réaction spontanée de
nombreux-es passant-es a heureusement permis de faire reculer les hommes
en arme.

La déambulation survoltée a fait halte finalement sur la place
Saint-Paul (Lyon 5°), ou la fête s’est poursuivie avant de s’achever.
Une fois les véhicules partis, la dispersion complète ne s’est pas
déroulée sans de nouvelles interpellations des dernières personnes qui
avaient choisi de s’attarder sur les lieux, par une force policière
réunie en masse pour l’occasion [2].

LA RÉPRESSION POLICIÈRE

[1] Tout à coup place des Terreaux, 5 à 6 policiers de la BAC, sans
brassards, sans signes distinctifs, impossible de les reconnaître, qui
s’étaient cachés derrière une voiture, ont sauté sur une personne au
sein de la manifestive. Aussitôt une réaction immédiate des personnes
environnantes a été d’extraire cette personne des mains des policiers,
ce qui a produit une petite échauffourrée. D’autres manifestants, dont
la jeune fille qui a été arrêtée quelques minutes plus tard, croyant que
c’était une simple bagarre sous cette chaude après-midi, ne sachant pas
que c’était des policiers déguisés en manifestants, sont venus
s’interposer de façon tout à fait logique humainement. Ce n’est qu’au
moment où un flasball est sorti et a même tiré qu’on a compris que
c’était des policiers. Et là, ils ont sorti les matraques qui
s’abattaient ci et là, au hasard. Ils n’ont même pas hésité à lancer des
grenades lacrymogènes en pleine place des Terreaux, où se trouvaient,
pas seulement des manifestants, mais aussi bon nombre de badauds, et des
bébés dans des poussettes. Incroyable, cette fête se passait bien,
jusqu’à cette provocation policière, qui a fait de nombreux blessés
innocents, par les coups de matraques, coups de pieds des policiers,
flasball, bouteilles lancées maladroitement, et les gaz lacrymogènes. Le
sérum physiologique a été beaucoup apprécié. Mais une personne âgée, qui
se trouvait sur la place des Terreaux a été comotionnée par les gaz et
est tombée en s’évanouissant. Elle se retrouve à l’hôpital avec une
fracture ouverte, du fait de la police.

Toutes les personnes ont pu être extraites des mains de ces policiers de
la BAC par d’autres manifestants, sauf cette jeune fille sur laquelle
les policiers se sont vengés. Elle était présente tranquillement au sein
de la manifestive, avec ses copains, depuis le début. Elle voulu
simplement s’interposer pour éviter que des problèmes ne s’enveniment.
Et c’est elle qui a ramassé. Les policiers se sont déchaînés sur elle.
Elle a été matraquée. Elle a reçu des coups en pleine figure, alors
qu’elle était à terre et menottée dans le dos. Puis elle a été traînée
par les cheveux sur une trentaine de mètres. Elle avait les genoux en
sang. Elle aurait même reçu un coup de taser, ç’est à dire une décharge
de 50000 volts, avant d’être emmenée au commissariat central Marius
Berliet. Certains passages ont été filmés.

[2] N’ayant sans doute pas eu leur lot d’arrestations, les CRS, alors
que les sons étaient coupés vers 19h15 et la fête devant se poursuivre
ailleurs, ont chargé vers 20h les quelques groupes qui restaient encore
sur la place St Paul, et qui avaient du mal à partir, malgré les
conseils de membres du collectif des résistances. Il y a eu un peu
d’excitation. Mais à ce moment-là, personne n’a été interpellé.
Ce n’est que bien plus tard que les CRS ont quadrillé tout le quartier
et ont arrêté au moins trois personnes qui rentraient tranquillement.

Un groupe est allé aussitôt au commissariat central prendre des
nouvelles de la jeune fille et des autres personnes arrêtées et mises en
garde à vue.


Voir aussi :
Audience suite aux arrestations de la manifestive