5 juin 2005


Audiences surréalistes au TGI de Paris

Mouvement lycéen


Un témoignage posté sur la liste info :

Ce matin avait lieu à Paris les procès de plusieurs
personnes interpellées lors des manifs ou actions
lycéennes.
A l’étage, Antoine était accusé d’outrage, rébellion
et violences à agent. Son avocate, maitre Terrel,
demandait et obtenait un report au 22 septembre
prochain. Maitre Terrel apportera la preuve, lors de
l’audience qui se tiendra à l’automne, que
l’accusation qui ne repose que sur les témoignages des
flics ne tient pas la route. Il existe des photos, des
vidéos et des témoignages de personnes étrangères à la
manif qui montrent que les évènements ne se sont pas
passés de la manière décrite par les CRS ; ceux-ci ont
même été jusqu’à mentir sur l’endroit exact de cette
interpellation, la situant à deux rues de la place ou
elle s’est réellement effectuée, mensonge d’autant
plus flagrant et absurde que les photos, les vidéos et
les témoins montrent exactement le contraire. Me
Terrel n’a pas manqué de souligner la similitude de ce
cas avec le récent procès de Virginie, à Lyon.
Pendant ce temps, en bas, le procès de Salah et Adrien
avait lieu. Les lycéens, venus nombreux pour soutenir
leurs camarades, étaient indignés de ne pas être
autorisés à penetrer dans la salle d’audience, et
manifestaient bruyament leur désappointement dans le
hall du palais (cela s’entendait jusqu’en haut).
La réponse de la flicaille ne se fit pas attendre :
les mobiles penetraient dans le palais et poussaient
dehors, sur le quai le long de la Seine, une bonne
partie de l’assistance.
La situation devenait alors surréaliste : la
présidente du tribunal fermait la porte de sa salle a
clé, empêchant toute personne de rentrer, mais aussi
de sortir. Les quelques uns qui avaient quand même pu
penetrer à l’intérieur se retrouvaient sequéstrés,
tandis que les avocats qui avaient leurs clients dans
la salle mais se trouvaient dehors se voyaient
empêchés de les rejoindre. A l’intérieur, sommée par
les avocats de rétablir une situation normale, la
présidente soutenait contre toute évidence que les
portes n’étaient pas bloquées (!) : puis finissait par
l’admettre, mais n’autorisait que quatre journalistes
à entrer en plus, pretextant la surcharge d’une salle
pourtant à moitié vide.
Cependant, dans le hall, des avocats commencaient à
donner de la voix devant les caméras présentes,
protestant contre l’illégalité de ces procédés, les
audiences se devant d’être publiques.
Les lycéens et leurs soutiens qui restaient dans le
hall, excédés par l’arrogance de la justice, se
remirent alors à faire un maximum de bruit devant la
porte pour être entendus de l’intérieur de la salle
d’audience. Mais un minuscule incident (le bris, par
inadvertance, d’une vitre) donnait le pretexte aux
gendarmes pour intervenir à nouveau : après dix
minutes de bousculades et le retour des mobiles
casqués, tout le monde se retrouvait refoulé à
l’exterieur du palais, et rejoignait la petite bande
de ceux qui s’étaient déjà fait virer.
Pendant ce temps, le procès avait lieu, et le
procureur requerait des amendes et des TIG. La
situation en était là lorsque je suis parti.
L’attitude des flics et de la justice n’a rien
d’exceptionnel ou d’inhabituel, ils se comportent
toujours ainsi : mais ce qui est remarquable, c’est
que les lycéens, devant l’injustice de la justice, ne
baissent pas les bras et ne renoncent jamais à
protester.