17 novembre 2005


Comparutions immédiates des jeunes de la banlieue lyonnaise

Au palais de justice de Lyon


Quatre jeunes du quartier de Monmousseau, aux Minguettes à Vénissieux,
ont été interpellés vers 20 heures ce lundi 7 novembre, après que des
pierres aient été lancées par un groupe de jeunes, sans atteindre ni les
policiers, ni les véhicules de police, d’après ce qu’en a dit le juge au
tribunal des comparutions immédiates. Des policiers se sont mis alors à
courir derrière ce groupe de jeunes qui a réussi à prendre la fuite.

Mais deux jeunes mineurs qui se trouvaient là, entendant dire que la
police arrivait, se sont mis eux aussi à courir et sont entrés dans un
snack. Les policiers les ont interpellés eux ainsi qu’un autre jeune
majeur qui se trouvait dans ce snack. Ils ont interpellé également un
autre jeune majeur du quartier qui se trouvait tranquillement assis sur
un banc, après un retour à pied de la fac, puisqu’après 19 heures il n’y
a désormais plus de bus pour les Minguettes. Les deux jeunes mineurs ont
vu un juge des enfants aujourd’hui après leur garde à vue et les deux
autres majeurs sont passés ce jour, mercredi 9 novembre, en comparution
immédiate.

Ces deux jeunes, en comparution immédiate, ont pris deux mois de prison
ferme. Ils ont donc pris deux mois ferme pour rien ! Quelle injustice !
Les familles étaient complètement atterrées à la sortie du tribunal.

Les jeunes dans les banlieues veulent faire comprendre qu’ils en ont
marre de l’injustice qu’on leur fait subir depuis des années. Et on en
rajoute. Ne veut-on pas mettre de l’huile sur le feu ?!

Un rassemblement d’une centaine de personnes s’est fait spontanément
vers 19 h 15 devant le palais de justice à l’annoncé du verdict. Des
personnes qui voulaient entrer à l’intérieur du tribunal, alors que des
audiences avaient encore lieu, se sont fait repoussées à coups de
matraques.


Comparutions immédiates
Pour entrer dans l’enceinte du nouveau palais de justice de Lyon, tout
le monde doit passer sous un portique détecteur de métaux, mais
aujourd’hui, en plus, au faciès, tous les jeunes sensés être d’origine
maghébine devaient en outre présenter une carte d’identité. Ceux qui ne
l’avaient pas sur eux n’ont pas pu entrer.

En milieu d’après-midi, deux jeunes de Vaulx-en-Velin, qui avaient
ramassé une cannette contenant de l’essence, le 8 novembre vers minuit
10, sans la lancer puisqu’ils l’ont mise dans une poubelle, sont passés
en comparution immédiate, après avoir été interpellés par la police. Ils
ont pris deux mois de prison ferme.

Puis, les deux jeunes majeurs de Monmousseau sont aussi passés au même
tribunal. Tous les deux n’ont jamais eu de problèmes avec la justice,
ils n’étaient pas masqués et nient complètement le fait d’avoir lancer
des pierres. L’un était sur un banc et l’autre dans un snack lors de
leur interpellation. L’un d’eux poursuit ses études et passent ses
vacances à pratiquer des activités pour les jeunes de Vénissieux avec
des CRS... L’avocate a bien montré l’incohérence des dépositions des
policiers, car c’est seulement le lendemain vers 17h que des policiers
assurent reconnaître les faits reprochés à ces jeunes, alors qu’ils ne
le font pas dans leurs premières dépositions. Néanmoins, ils ont pris
aussi deux mois ferme.

Hier, mardi 8 novembre, un jeune des Clochettes à Saint-Fons a pris
quatre mois ferme.


Jugement des mineurs
Aujourd’hui, sept mineurs, dont deux de moins de seize ans, ont été
présentés à un juge des enfants. Ils sont tous ressortis avec des
conditions extrèmement dures de contrôle judiciaire, mais auront un
procès au tribunal des mineurs dans quelques temps. Un bon nombre était
de Vénissieux, et un de St Priest. Pour le contrôle judiciaire, par
exemple deux jeunes du quartier de Monmousseau, aux Minguettes, qui
n’avaient rien fait de répréhensible sont interdits de séjours à
Vénissieux et ont du trouver une personne de leur famille qui les logent
en dehors de Vénissieux : ils doivent pointer tous les jours dans un
commissariat déterminé loin de Vénissieux et doivent rencontrer un
éducateur de la justice très régulièrement avant le procès qui peut
avoir lieu dans plusieurs mois...

Tous ces jeunes ont subi d’importantes violences illégitimes de la part
de policiers lors de l’interpellation ou dans les véhicules de police :
coups de poings, coups de tête, coups de matraque... L’un d’eux a eu le
nez éclaté. Ils ont reçu aussi des insultes : « sales bougnoules !
etc... »

Deux autres jeunes, dont l’un est mineur, ont été bien brutalisés, les
policiers se servant d’eux comme d’un ballon de foot, pour finalement
être relâchés tous les deux en sortie de garde à vue.