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juillet 2002


Nous irons tous à Dammarie

RESISTONS ENSEMBLE / bulletin numéro 0 / juillet 2002


- Nous irons tous à Dammarie
- Dammarie, un test
- Pour la defense de la liberté d’expression et d’association mobilisons-nous contre l’expulsion de l’association Bouge qui Bouge tous à Dammarie-les-Lys

- [agir]
Le collectif Résistons Ensemble appelle à participer massivement à la rencontre-meeting...



Nous irons tous à Dammarie

Le 24 juin, dès 6 heures du matin, les habitants du quartier du Bas Moulin, à Dammarie-les Lys, ont assisté au déploiement de plusieurs centaines de CRS et de très nombreux policiers. L’objectif de cette impressionnante démonstration de force (avec tireurs d’élite sur les toits, mobilisation d’une grue, occupation massive et agressive de la cité toute la journée, contrôles d’identité dans les halls d’immeubles et jusque dans les domiciles) était, vu la disproportion des moyens employés, dérisoire : retirer des banderoles accrochées aux murs d’une barre d’immeuble et surtout pénétrer dans les locaux de l’association Bouge Qui Bouge. Les forces de police les ont saccagés, ont cassé une photocopieuse, saisi le matériel de l’association, ainsi que les dons versés pour soutenir ses activités. Deux sans-papiers ont été interpellés, trois militants interpellés puis relâchés après avoir été tabassés, un enfant d’une douzaine d’année qui jouait a fait le frais d’un matraquage dont il porte encore les marques dans le dos.
Ces opérations surviennent après la mort, le mois dernier, à une semaine d’intervalle, de Xavier Dem (tué d’une balle policière en pleine tête) et de Mohamed Berrichi (mort poursuivi par les BAC dans des circonstance très peu claires) et la mort par balle policière, en 1997, d’Abdelkader Bouziane et l’ordonnance de non-lieu, en décembre dernier, en faveur du policier qui l’a tué. Les banderoles enlevées par la police et les graffitis effacés pendant son intervention parlaient tous de ces événements qui ont profondément bouleversé les habitants et dénonçaient la facilité avec laquelle la police tue dans certains quartiers. L’association Bouge Qui bouge qui, à côté d’autres activités comme le soutien scolaire, était intervenue sur ce terrain, l’a fait dans le souci de mettre en oeuvre les libertés constitutionnelles par des réunions publiques et des manifestations. Elle n’a provoqué personne, ni incité à la haine, mais simplement posé des questions sur ces morts anormales.
L’intervention policière s’est doublée d’une procédure d’expulsion par l’office HLM à l’encontre de l’association, à la légalité plus que douteuse (un référé a été examiné mardi 25 juin et le jugement rendu le vendredi 28, a condamné Bouge Qui Bouge à quitter ses locaux sous 48 heures avec une amende de 400 euros, et pour toute journée supplémentaire de présence dans les lieux, ils serons sanctionnés de 100 euros !



Dammarie, un test

La lecture d’un tract du syndicat de police Alliance et celle d’une déclaration de la mairie démontrent que la fabrique de la haine fonctionne à plein régime : l’association est accusée sans preuves aucune d’être mêlée à toute une série d’actes délictueux plus ou moins fantasmatiques. A en croire le maire, étant donné l’extrême dangerosité représentée par cette association si les élections législatives ont pu se tenir, c’est uniquement à cause d’une protection policière ! Derrière les délires grotesques et le caractère diffamatoire des accusations, ce qu’il faut prendre au sérieux, c’est la volonté politique qui s’affirme derrière.
Rappelons que Bouge qui Bouge avait été créé en 1997, après la mort d’un premier jeune tué par la police : avec les encouragements de la mairie, l’association était censée faire entendre la voix des jeunes du quartier et leur permettre de s_adonner à de saines activités. Aujourd’hui, elle est en butte aux persécutions POUR AVOIR TROP BIEN REMPLI SON OBJET. Sans recourir à la violence, par le moyen des manifestations et des banderoles, elle a constitué un pôle d’opposition solide et enraciné contre la politique d’apartheid social qu’incarne bien ce quartier du Bas Moulin et ses barres, à deux pas d’un charmant centre villageois. L’attaque contre Bouge Qui Bouge a aussi valeur de test pour le Collectif Résistons ensemble et tous ceux qui ne se résignent pas à la politique d’apartheid social et de répression post-coloniale. Bouge Qui Bouge, avec un certain nombre d’autres associations et groupes de quartier, à Lyon, Rouen et ailleurs, représente une rupture avec l’alternative violence sans espoir ou pacification humanitaire (du type SOS racisme). Les quartiers, les cités, sont les territoires où se donne à voir de manière particulièrement aiguë le caractère de classe de notre société. En butte à la surexploitation (quant ils travaillent) ou à la relégation (quand ils ne travaillent pas), la majorité des jeunes qui y vivent ne peuvent, quand ils prennent la parole, qu’exprimer une révolte. Le contenu universel de cette révolte, c’est à nous de l’élaborer avec eux, par notre solidarité concrète.



Pour la defense de la liberté d’expression et d’association
mobilisons-nous contre l’expulsion de l’association Bouge qui Bouge
tous à Dammarie-les-Lys

Appel de « Bouge Qui Bouge » (extraits)
....Oui, nous sommes capables de nous organiser et d’être de vrais citoyens !
Oui, nous avons raison de demander justice !
Oui, notre association a le droit a la parole !
C’est pourquoi nous avons mis en place un comité de vigilance pour exprimer nos droits en évitant tous débordements. Malgré cela, notre association est aujourd’hui poursuivie pour des faits dont elle n’est pas responsable ! Nous membres, de Bouge qui Bouge, association loi 1901, sommes déclarés « terroristes » et « délinquants » alors que nous sommes des jeunes bénévoles qui voulons changer la vie dans notre quartier et nous prendre en main.
Nous appelons tous les habitants, toutes les associations à se mobiliser pour affirmer leur soutien au droit d’association pour demander un dialogue constructif et non des « opérations de nettoyage » indigne d’une démocratie.
NON AUX VIOLENCES POLICIERES
OUI A UNE VERITABLE POLITIQUE DE LA JEUNESSE »
Association « Bouge Qui Bouge »
Cité du Bas-Moulin 77190 Dammarie-les-Lys



> agir

Le collectif Résistons Ensemble appelle à participer massivement à la rencontre-meeting, accompagnée d’un repas de quartier qui doit avoir lieu le 6 juillet 2002 à Dammarie-les-Lys, place du 8 mai 1945 , centre « Albert Schweitzer » entre 15h et 19h suivi par un couscous offert par le Comité de soutien (pour s’y rendre : Gare : Melun, départ toutes les demi-heures de la Gare de Lyon, prendre le bus A ou E, descendre à la Plaine du Lys). C’est le souhait même des habitants d’être désenclavés, qu’on les aide à sortir du ghetto où l’Etat mène contre eux des opérations qui ressemblent par moment aux opérations de « pacification » coloniale.