24 février 2006


Récit du procès de Samir

Au palais de justice de Lyon


Procès de Samir le lundi 13 février à la 13ème chambre.

Il est accusé abusivement d’avoir le 1er juin 2005 exercé des violences
sur des policiers et d’avoir détenu une dose de 0,01g d’héroine, après
un contrôle de police, étant avec son chien sans laisse dans une rue du
1er arrondissement de Lyon. Samir, de son côté, a déposé plainte avec
partie civile auprès du doyen des juges d’instruction pour violences
policières illégitimes.

L’avocat de la partie civile a fait remarqué que, selon les dépositions
des policiers, Samir s’était énervé quand on a dit que son chien allait
être mis dans un chenil, et que c’est à ce moment-là qu’un des policiers
a reçu deux coups de pieds dans la main de la part de Samir. D’autre
part, il est dit que Samir a essayé de s’enfuir du commissariat et que
c’est dans sa fuite qu’il est tombé et qu’il s’est fait mal TOUT SEUL,
ce qui lui a provoqué une hémorragie. Il demande 1000 euros de
dédommagement à un des policiers, ainsi que les frais de justice.

Le procureur a insisté sur la fait que ce policier a eu six jours d’ITT
et que dans ce procès on juge les violences sur les policiers et non
l’inverse. Samir est poursuivi pour détention d’héroine et non pour
consommation d’héroine, étant donné que le certificat médical indique
qu’il ne peut pas être consommateur. Samir dit qu’il y avait 6 ou 7
policiers à s’acharner sur lui jusqu’à lui marcher dessus, mais le
médecin ne donne pas de jours d’ITT. Samir n’est pas un prévenu qui a
été tiré au sort par les policiers pour l’interpeller. Le procureur
demande 8 mois de prison ferme.

Maitre Jacques Debray, l’avocat de Samir, se demande comment un contrôle
peut se passer dans des conditions pareilles. C’est gravissime de la
part de ces policiers. Son chien est un labrador qui n’est pas agressif
du tout. Comment Samir peut-il donner deux coups de pieds à un policier
en ayant les deux pieds menottés ? Comment aurait-il pu s’enfuir du
commissariat avec les deux pieds entravés ? L’avocat, par ailleurs, fait
remarquer plein d’incohérences dans les dépositions des policiers. Samir
a été fouillé à deux reprises, d’abord lors de l’interpellation et
ensuite lors de la mise en garde à vue. Et à ce moment-là rien n’a été
trouvé sur lui. Or ce n’est que le lendemain que l’inspecteur lui a dit
qu’on avait trouvé de l’héroine sur lui. De plus, la dose d’héroine
aurait été détruite dans l’analyse et la preuve de son existence
n’existe plus. Dans une déposition, on dit qu’il tenait dans sa main une
dose de poudre brune, et dans une autre déposition il s’agit... de
poudre blanche. Dans une déposition, les policiers disent qu’il a été
arrêté à 4h10 ; or le PV a été rédigé soi-disant à 4h20 à l’hôtel de
police. Il faut en effet bien plus de 10 minutes pour aller des Terreaux
à l’hôtel de police Marius Berliet. Cela montre bien le tissu de
mensonges des policiers et que tous ces faits ne sont pas établis.

Le président du tribunal, avec un regard compatissant, déclare cependant
Samir coupable et le condamne à six mois de prison avec sursis, ainsi
que 400 euros de dédommagement pour un des policiers et 400 euros pour
les frais de justice. Il déclare irrecevable les dédommagements pour un
autre policier. Il est donc très difficile à Lyon d’être relaxé, lorsque
des policiers portent plainte pour se couvrir d’avoir commis des violences.