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5 juin 2007


Les futures armes de la police

Dossier


« Armes non-létales », « armes à énergie dirigée », « armes
psychoélectroniques »... Il y a une cinquantaine d’années, guerre froide
oblige, les militaires des différents pays belligérants, dans leur course
à l’armement, se sont intéressés aux domaines de la neurologie et de
l’électromagnétique.
Aujourd’hui, les potentialités que présentent les armes issues de ces
recherches répondent parfaitement à la la préoccupation première de
l’ordre sécuritaire : maintenir une paix armée ; c’est-à-dire bénéficier
de moyen de répression et de contrôle toujours plus puissants tout en
s’affranchissant des petits désagréments des armes traditionnelles, comme
le fait qu’elles laissent des traces, qu’elles font couler le sang, que
parfois elles tuent, bref, qu’elles évoquent et provoquent beaucoup trop
le conflit entre population et forces de l’ordre.
Comment maîtriser un foule énervée, démoraliser une citée insurgée, agir
sur la psychologie des « déviants », tout cela « en douceur » et sans
provoquer de remous sociaux ? Autant de question qui se posent dans
l’espace de plus en plus flou entre police et armée, entre maintien de
l’ordre et occupation du territoire. Ces préoccupations commencent à
trouver des réponses pratiques dans la vie quotidienne, avec
l’introduction du TASER par exemple, qui reste cependant bien en-deçà des
promesses de l’électromagnétique appliquée au contrôle social.

Ce dossier, réalisé par un membre du réseau Résistons Ensemble, dresse
l’historique et l’état des lieux de ces technologies de contrôle. À sa
lecture, on découvre les projets à moyen termes de l’ordre sécuritaire,
mais ne nous y trompons pas : ce n’est ni par un coup d’état fasciste, ni
par un complot ourdi par quelque état-major que se réaliseront ces projets
 ; c’est par petites touches, souvent en toute transparence, que se mettent
en place ces dispositifs. Et c’est quotidiennement qu’il faut y résister.





dossier

les technologies offensives de contrôle politique

Des armes conçues pour soumettre les corps et les consciences : les "psychotechnologies"

Le maintien de l’ordre social n’est plus l’apanage des polices, médias, justices et prisons : les armées et services spéciaux sont aussi de la partie, et pas seulement en dernier recours. Dans le cadre de leurs redéfinitions stratégiques de l’après guerre froide (ladite « révolution dans les affaires militaires ») les armées de l’Otan mettent l’accent sur l’application des nouvelles technologies dans la guerre globale et notamment la militarisation du contrôle social. La coopération militaro-policière se trouve renforcée, l’armée assure de plus en plus fréquemment des tâches de maintien de l’ordre et met à disposition ses technologies et doctrines accumulées dans sa course aux armements au service d’opérations de police. De nouvelles technologies conçues spécialement pour « contrôler les foules » sont développées dans le cadre des programmes d’armes dîtes non létales (vendues médiatiquement au nom de la « guerre sans morts ») ainsi que de la « guerre de l’information », qui n’est rien que le nouvel avatar d’une guerre psychologique high tech. Les barrières traditionnelles entre temps de guerre et temps de paix, opérations intérieures et extérieures, secteur civil et militaire s’en trouvent éclatées à travers l’investissement dans les « guerre urbaines », guerres dîtes « non-conventionnelles », « opérations autres que la guerre » et autres « guerres de basse intensité »...
On connaît le Tazer qui se banalise dans le maintien de l’ordre quotidien, aux Etats-Unis et très bientôt en France : le quidam qui ne coopère pas assez au bon vouloir de l’agent reçoit 5000 volts qui le paralysent pendant plusieurs secondes, avec des risques de mort. On a aussi pu entendre parler des armes à champs électromagnétiques conçues pour disperser des manifestations. Il reste que ces technologies ne sont que l’inquiétante vitrine de développements bien plus terribles, retranchés derrières les forteresses du secret défense. Cette brochure retrace l’histoire et l’actualité du développement par les principales puissances de nouvelles gammes d’armes offensives de contrôle politique, qui utilisent l’énergie dirigée (rayonnement électromagnétique, acoustique, faisceaux de particules, etc.) pour affecter à distance le système nerveux et l’organisme de cibles humaines déterminées, individus ou groupes. Ces armes peuvent tuer sans laisser de trace de meurtre ou infliger imperceptiblement de terribles douleurs. Dans leurs versions les plus sophistiquées, elles visent à contrôler et manipuler l’esprit et donc le comportement en manipulant les signaux électriques du corps humain : l’organisme humain est alors conçu comme un « système d’information » fonctionnant sur la base de signaux électriques qui peuvent être accédés, enregistrés, analysés, modifiés, manipulés ou détruits. Leur capacité d’usage à distance et sans preuves tangible les rend particulièrement adaptées à la répression politique et au contrôle social dans les sociétés démocratiques, où la les moyens de répression politique ouverte sont plus ou moins limités. Elles sont jugées porteuses d’une véritable « révolution » en matière de méthodes de guerre psychologique, utilisables à des fins de torture, de lavage de cerveau, d’influence, ou de « modification du comportement » de cibles définies. Aucune législation ne les interdit spécifiquement et totalement malgré un débat commencé il y a 30 ans dans les hautes sphères internationales et l’information publique à leur sujet est asséchée, ce qui laisse libre cours à leur développement, leur expérimentation et leur utilisation offensive sur des citoyen-ne-s des cinq continents.