1er février 2004


J’accuse 5 Policiers de m’avoir frappé

Kamel M.


Ce que j’avais écrit dans la nuit du 19 au 20 Décembre

Il est impensable de constater aujourd’hui encore que la justice favorise toujours les mêmes individus. La société nous apprend à être des citoyens pour nous montrer que le grand écart entre les couches sociales ne cessent de s’accroître...

Les faits remontent au 30 janvier 2000, suite à un défaut de ma vignette d’assurance, je fus tabassé par cinq fonctionnaires de police (lire le communiqué de presse ci-dessous).
(...)
Aujourd’hui, 19 Décembre 2003, le palais de justice rend un verdict digne des plus belles productions américaines. "Je suis coupable (...)", sont les premiers mots que j’ai prononcé à la barre du tribunal correctionnel de bordeaux, "Coupable d’avoir jeté une amende à terre...". En réponse le tribunal me condamne à une peine de prison avec sursit d’une durée d’un mois (casier judiciaire), des travaux d’intérêts généraux et une amende astronomique qui restera gravé dans les annales de la bêtise judiciaire. Les amendes prononcés à mon égard par la présidente ont été 20 fois supérieur au 500 € initiale demandé par le procureur. Après délibéré la présidente me fit comprendre qu’il fallait tendre l’autre joue et se taire. Il s’agit d’un sujet sensible et la politique actuel ne veut pas en entendre parler.

L’accueil fût plutôt agréable pour tous ceux et celles qui voulaient accéder au tribunal, petits fours et champagne, des policiers étaient disposés en masse à chaque entrée du tribunal ainsi que devant l’entrée de la 5e chambre.Tout le monde était là, on pouvait y voir aussi ces messieurs des renseignements généraux. De toute évidence je dérange, mes propos dérangent. Il aurait fallu que je ressemble au profil du maghrébin tel qu’il peut être stigmatisé avec une casquette de travers et un jogging pour espérer être relaxé.
Les faits parlent d’eux mêmes, aucunes des dépositions des fonctionnaire ne concordent. Un des policiers témoigne en ma faveur et contredit par la même ses collègues. Mieux trois d’entres eux ont déjà été inquiétés pour des affaires similaires et la liste est longue... Malgré tout cela, je reste sur le banc des accusés.

Je dénonce cet injustice et je me battrai toute ma vie s’il le faut pour être entendu. Pour être en paix avec moi, je me dois d’aller jusqu’au bout de mon combat. A la mémoire de tous ceux qui ont été victimes de violences policières et enfin une pensée à ceux qui n’ont pas eu la chance comme moi de survivre à ces violences gratuites.

Justice : Reconnaissance et respect des droits et des mérite de chacun. Pouvoir de faire régner le droit. (D’après la définition du Robert Illustré)

J’espère que mes propos ont été compréhensible, je suis encore sous le choc. Encore une fois je ne m’attaque pas à l’institution en elle-même, mais à certains éléments défaillants qui en font partie et qui ne devraient pas être là où ils sont.
Ma démarche vise à être entendu afin d’en dissuader certains d’avoir à l’avenir de tels agissements. Il faut qu’il y ai une prise de conscience générale et que la justice fasse son travail, auquel cas ces mêmes individus continueront d’agir en toute impunités...de qui se moque-t-on ? Arrêtons l’hypocrisie et que chacun des protagonistes de cette affaire prenne ses responsabilités.

En ce qui concerne la suite, je souhaite faire appel de cet injustice. Aujourd’hui encore la politesse ne paie pas et la justice nous démontre encore une fois que le délit de sale gueule est toujours d’actualité.
Mon combat continue...


communiqué de presse

J’accuse 5 Policiers de m’avoir frappé (...)

Chronique de la petite délinquance policière
Suite à une altercation avec des policiers pour défaut d’assurance, au cours de laquelle j’ai demandé poliment des explications, je n’ai rencontré que mépris et insultes.
Ulcéré par cette attitude, je tournai les talons et manifestai mon dégoût en projetant la contravention à terre. Ce geste stupide fut perçu comme un acte de rébellion insoutenable, voir un acte purement terroriste.
Me rendant compte qu’ils allaient très violemment me réprimer, je leur fit mes plus plates excuses et ramassai tout de suite le procès verbal que j’avais laissé tomber.
Ils entreprirent de stopper avec la plus extrême violence, la manifestation incivique de mon mécontentement : je fus tout d’abord saisi à la gorge par un des fonctionnaires de police qui entreprit de m’étrangler jusqu’à l’étouffement.
Une fois à terre, je fus roué de coups de pieds, de coups de poings, sur le visage, les côtes, les bras et les jambes. Après dix minutes de Iynchage, je fus menotté à terre et projeté dans le fourgon...
Les policiers m’emmenèrent en garde à vue au commissariat. À l’issue de ma garde à vue, je fus inculpé pour outrage à agent, rébellion, coups et blessures.
Une fois de plus, la victime de policiers délinquants va devenir grâce à l’esprit de corps et à la complicité de la justice, un dangereux malfaiteur.
Je ne peux me résoudre à croire que ce soit ma seule origine maghrébine, qui justifie un tel débordement à mon égard, et je frémit en imaginant ce qui me serait arrive, si j’avais été un jeune maghrébin issu d’un quartier encore moins favorisé, si j’avais été moins bien habillé, parlant moins bien le français et n’ayant pas pu user de la même diplomatie que celle qui fut la mienne lors de cette agression.
C’est pour cela que je porte plainte aujourd’hui contre ces policiers délinquants qui ne peuvent impunément frapper, bastonner, voir tuer les habitants de ce pays.
J’espère que la justice française saura punir mes agresseurs et me redonner confiance dans les institutions républicaines. Et surtout que les policiers soient définitivement dissuadés d’avoir de tels agissements.

L’association Même Droits et moi-même vous demandons de venir me soutenir lors de mon procès contre mes agresseurs le vendredi 19 décembre à 14 heures au palais de justice de Bordeaux.

Kamel M.