14 février 2004


8ème journée internationale contre la brutalité policière

Le 15 mars 2004 - Québec /France


Après plusieurs années d’implantation de « police communautaire » dans toutes les villes du Québec, les autorités nous promettent d’occuper la rue davantage. En envoyant toujours plus de flics pour patrouiller à pied avec rien de mieux à faire que de harceler les jeunes de la rue des quartiers défavorisés de Montréal et de son centre-ville, jusqu’à temps de les chasser de l’espace public, il est question ici de faire disparaître des preuves de plus en plus gênantes des inégalités sociales dans cette société de fric.

Les phénomènes du « profilage racial » et du « nettoyage social » ont pris une telle ampleur que nos « flics de quartier » ne se cachent même plus pour désigner officiellement pour cible les attroupements de jeunes dans les lieux publics, les squeegees, les sans-abri, les travailleurs et travailleuses du sexe, les consommateurs et les petits revendeurs de drogue, bref, ces laissés-pour-compte que les médias-collabos nous dépeignent régulièrement comme des classes dangereuses.

Comme le nombre d’infractions au Code Criminel est en baisse depuis 20 ans au Canada, la police nous promet donc de mobiliser ses troupes pour une lutte sans merci contre la petite délinquance, désignée sous une nouvelle appellation à la mode, les « incivilités ». En cette période interminable de compressions, les policiers doivent toujours alimenter de vieilles peurs et éveiller de nouveaux sentiments d’insécurité chez les citoyenNEs afin de ne jamais être à court de justifications pour maintenir et accroître leurs effectifs et les budgets faramineux en fonds publics qu’ils dilapident joyeusement en salaires et en heures supplémentaires.

La police est une force armée envahissante qui s’infiltre sans cesse toujours plus profondément dans les mailles du tissu social ; Elle bâtit des réseaux d’échanges d’informations avec les commerçants, les pouvoirs politiques locaux, les groupes communautaires, les directeurs d’école et les associations de résidentEs ; Elle encourage tout ce beau monde à surveiller et à dénoncer leurs voisins et à jouer les apprentis-vigiles. Sous l’approche « plus conviviale » de la police de quartier, c’est bien d’un vaste programme de délation et d’expansion de l’appareil de contrôle social qu’il s’agit.

Mais loin d’être « satisfaits » du « service » fourni par les policiers, de plus en plus de gens se lèvent pour dénoncer les abus policiers : des résidentEs de St-Michel poursuivent la police et la ville pour discrimination, harcèlement et profilage racial ; des groupes communautaires dénoncent le harcèlement dont sont victimes les sans-abri au centre-ville ; des sans-statuts algériens dénoncent le fait que la GRC a électrocuté à coups de teaser deux d’ente eux lors d’une occupation de bureau à Ottawa ; des militantEs radicaux dénoncent la criminalisation de la dissidence par les arrestations de masse de manifestantEs ; même des militants défusionnistes, en automne, ou de l’UFP, en janvier, ont dénoncés publiquement le fait d’avoir été approchés soit par la SQ ou soit par les services secrets canadiens, qui sont en perpétuelle prospection de mouchards potentiels prêts à monnayer leur traîtrise. Et on n’a pas oublié l’acquittement, en 2002, du policier Giovanni Stante qui a battu à mort le sans-abri Jean-Pierre Lizotte sur la terrasse du Shed Café, en 1999.

Pendant ce temps, l’État canadien veut montrer aux États-Unis qu’il fait sa part du sale boulot dans la grande inquisition antiterroriste : arrestations et détentions préventives de « suspects », procès secrets pour des raisons de « sécurité nationale », déportations vers des pays où la torture et les exécutions sont des pratiques connues et lourdement documentées. Les cas de Zahra Kazemi, Maher Arar, William Sampson nous montrent que les services secrets et les fonctionnaires canadiens ne sont pas pressés de faire la lumière sur leurs liens avec des régimes dictatoriaux et surtout leur inaction pour sortir des citoyens canadiens des geôles de ces États policiers.

Ce lundi 15 mars 2004, joignez-vous à notre mouvement contre la brutalité policière et l’impunité dont jouissent encore les policiers qui abusent de leurs pouvoirs, contre l’expansion de l’appareil sécuritaire et contre la criminalisation de la pauvreté et de la dissidence. Plus que jamais, notre opposition aux abus policiers doit s’exprimer clairement et fermement afin de leur couper l’appétit de pouvoirs ! La vraie insécurité : la misère, la précarité et l’exploitation, on la connaît ; on n’a pas besoin en plus de ça des flics qui nous harcèlent comme si c’était un crime d’être pauvres ou exclus du système !

Adopté par la Coalition du 15 mars 2004

Pour plus d’infos :
Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP)
(514) 859-9065, cobp@hotmail.com
2035 St-Laurent, Montréal, Québec, H2X 2T5
http://tao.ca/ cobp/

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